La nouvelle exposition temporaire du Musée de l'Abbaye "L'ARBRE ET LA MACHINE " ouvrira le 8 février 2025 .
Dans ce cadre remarquable, les peintures de Laurent Proux accueilleront le vendredi 11 avril à 18h30 les écritures de Fabienne Swiatly et Maryse Vuillermet autour de deux corpus présents dans son œuvre.
Le premier, « le corps au travail » s’attarde sur les gestes de l'ouvrier au sein d’espaces de travail structurés.
Le second, « le corps libéré » présente des corps affranchis de toute contrainte, fusionnés et transformés dans une nature idéale et flamboyante.
Une exposition conçue au fil d’une résidence au musée de l’Abbaye
Au cours de sa résidence artistique au musée de l’Abbaye en 2024, Laurent Proux a visité différentes entreprises emblématiques du territoire haut jurassien, telles que Jeantet, Guichard ou Chacom, qui partagent une histoire sociale riche et des savoir-faire locaux et perdurent jusqu’à aujourd’hui. Il a également souhaité rencontrer l’ensemble des acteurs de l’ESAT de Saint-Claude (établissement et service d’accompagnement par le travail) qui accompagnent les travailleurs en situation de handicap.
Source importante dans l’économie du territoire, l’industrie du bois est illustrée par l’entreprise La Pessière qui construit des fustes ou la scierie familiale Scie Coupe. Les gestes observés deviennent des motifs et des sujets que l’artiste reproduit dans des tableaux monumentaux.
La série de tableaux sur la thématique de la machine a été produite pour cette exposition à l’issue du séjour de l’artiste sur notre territoire. Laurent Proux y présente différentes typologies de lieux du travail, de l’atelier individuel à l’espace de travail partagé, au bâtiment aménagé en plein air.
Le motif de l’arbre est au cœur de l’exposition, un arbre-humain où les corps fusionnent avec le tronc et les branches en une image à la fois séduisante et étrange.
Dans cet entre-deux entre figuration et abstraction, Laurent Proux est non seulement attentif aux choix iconographiques qui sous-tendent son travail mais surtout à la recherche de motifs relevant de frontières (entre espaces privé et public), limites et seuils dont il convient d’en interroger les confins dans les enjeux contemporains
Aux confins de plusieurs genres : poésie, roman, document, récit, nouvelle, pour dire le corps au travail , les écritures de Maryse Vuillermet et Fabienne Swiatly croisent, le temps d’une rencontre, le travail de l’artiste Laurent Proux.
Fabienne Swiatly, née en 1960 en Moselle, d’un père polonais et d’une mère allemande, se dit fille des aciéries et de la langue allemande, des bleus de travail et de la soudure, des ouvriers exploités et des manifs. Poète, nouvelliste et romancière, elle est l’autrice d’une œuvre qui scrute le quotidien, interroge les frontières de langue et de classes, donne la parole aux êtres qui en sont privés.
Dans On n'est pas des bourgeois, l'autrice donne la parole aux pauvres, à celleux qui triment sans qu'on les remarque, celleux au coin de la rue qu'on fait semblant de ne pas apercevoir, aux corps abîmés et à celleux que la société voudrait bien gommer. Des fragments de vie en prose absolument bouleversants.
Maryse Vuillermet, d’origine jurassienne née en 1955, est chercheure associée à l’Université Lyon 2 sur la représentation du travail dans le roman du XXe siècle à partir de laquelle elle construit une œuvre littéraire.
Avec Pars ! travaille! partir, c'est s'arracher aux siens ; revenir, c'est risquer de ne pas retrouver, de ne pas reconnaître. Ce sont des départs, où, depuis toujours, on emmène les siens sur son dos, départs liés à la nécessité, chargés d'inconnu et de nostalgie. Le récit enchaîne des personnages en autant de situations de migrations différentes et restitue les effets de la séparation comme les éléments d'une culture.